Il est fréquent d’entendre des échos rassurants concernant l’avenir de l’intelligence artificielle (IA) : « L’IA ne saurait éclipser l’humain », « Certaines prouesses resteront hors de portée des machines ».
Ces déclarations apportent un certain confort. Mais elles relèvent aussi souvent d’un certain romantisme un peu naïf : elles évoquent une vision idéalisée où l’humain et la machine évoluent naturellement et coexistent harmonieusement côte à côte, chacun dans leur domaine de prédilection et coexistent harmonieusement.
La réalité de l’IA
Ce romantisme, bien que charmant, peut s’avérer trompeur. Il nous berce d’une illusion de sécurité, nous laissant penser que l’ascension fulgurante de l’IA ne nous menace pas.
La réalité est plus nuancée.
En 1965, Gordon Moore, un des fondateurs d’Intel, prédit que la puissance des microprocesseurs doublera tous les deux ans. Une prédiction qui se révèle particulièrement exacte!
En 2005, un autre visionnaire en technologie, Ray Kurzweil, énonce sa théorie de la « Singularité » : il prévoie une montée vertigineuse de l’IA et suggère qu’à un moment donné, l’IA dépassera l’intelligence humaine.
En mars 2023, des centaines de grands noms du monde des technologies reconnaissent dans une lettre ouverte les risques profonds que représente l’IA pour notre société et l’humanité. Ils y demandent à suspendre temporairement la formation de tout système d’intelligence artificielle plus puissant que ChatGPT4.1
L’évolution technologique est en marche accélérée. Et pour les leaders actuels, ignorer cette réalité serait imprudent. Car ces innovations vont incontestablement chambouler le paysage professionnel et social.
L’ère de la coexistence : Humain et IA
Un grand nombre de professions vont faire face à de profondes mutations.
Visualisez un médecin exploitant l’IA : il l’utilise pour établir des diagnostics d’une précision inégalée, analysant en un éclair d’immenses bases de données médicales. Une fois optimisée, cette technologie pourrait à la fois multiplier sa puissance, et minimiser drastiquement les erreurs.
Pensez à des avocats et à des notaires: avec l’IA à leur service, ils pourraient parcourir des milliers de documents en un instant, simplifiant la recherche juridique et la constitution de dossiers.
Réfléchissez maintenant à la manière dont l’IA pourrait révolutionner votre propre métier, amplifiant vos capacités d’analyse et de synthèse!
Au XXe siècle, la mécanisation et l’automatisation des usines concernaient souvent plus le travail manuel et les professions ouvrières. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle vient transformer le travail de la connaissance; et la plupart des métiers professionnels sont potentiellement concernés.
Dans ce contexte, à quoi ressemble la collaboration entre l’homme et la machine? Quelle est la place de chacun? Comment l’humain peut-il encore se distinguer?
L’intelligence émotionnelle : une capacité humaine
Une des a clés réside selon nous dans ce que nous, humains, possédons d’incomparable: notre intelligence émotionnelle. L’empathie, la compréhension des émotions, la collaboration, la communication… Ces compétences, aujourd’hui, nous différencient nettement de la machine2, en même temps qu’ils représentent un avantage décisif dans le monde des affaires.
Il y a une grande ironie dans ce constat.
Car ces compétences relationnelles qui nous différencient tant sont souvent diminuées dans notre société actuelle, éclipsées par la quête effrénée de connaissances techniques.
Nos institutions, en quête de résultats tangibles, mettent l’accent sur l’accumulation de savoirs, reléguant au second plan l’apprentissage de l’empathie, de la communication et de la collaboration.
Dans le monde professionnel, on continue de survaloriser les diplômes et les compétences techniques en comparaison de la capacité à tisser des liens avec les membres de son équipe. La grande ironie, c’est que ce que nous valorisons actuellement, ce sont les compétences où la machine excelle et pourrait bientôt surpasser l’homme!
L’approche de Yves St Arnaud: une lumière dans l’ère de l’IA
Derrière ce constat se profile un réel défi.
Car, aussi essentielles soient-elles, les compétences relationnelles restent étonnamment difficiles à quantifier. Alors qu’on peut mesurer les compétences techniques par des tests standardisés, l’empathie, la communication ou l’écoute résistent à une évaluation objective.
La solution à ce défi nous est offerte par un éminent chercheur québécois : Yves St Arnaud.3
Son modèle décrit dans son ouvrage « L’interaction professionnelle », basé sur des années de recherche en sciences humaines, nous offre un cadre méthodologique rigoureux pour développer les compétences interpersonnelles. Grâce à lui, il devient possible d’apprendre à établir de meilleures relations professionnelles avec ses collègues, patrons, clients et partenaires.
Son modèle va au-delà de l’application de tactiques ou de meilleures pratiques apprises, ce que l’intelligence artificielle sait déjà faire! Il permet d’apprendre à être plus intentionnel dans nos dialogues, à devenir plus conscient de notre impact réel et à ajuster nos actions pour être plus efficace.
C’est un peu comme apprendre à danser : on peut connaître les pas, cela ne suffit pas. Le modèle d’Yves St Arnaud nous donne les clés pour adapter nos pas en fonction de notre partenaire, de la musique et de notre propre intention.
Conclusion
L’IA est en train de prendre de plus en plus de place dans notre monde. Cela ne devrait aller qu’en s’accélérant. Au lieu d’ignorer ce mouvement ou de le redouter, nous sommes appelés à envisager les horizons qu’il ouvre.
La montée de l’intelligence artificielle nous donne l’opportunité de remettre au centre ce qui fait partie de notre différence et de notre humanité : nos compétences relationnelles. Et il y a beaucoup à gagner à une telle évolution : plus d’intentionnalité, plus de conscience, et plus d’efficacité dans nos relations.
Mais il y a plus encore.
En adoptant une posture créative – envisageant les possibles – plutôt que réactive, nous embrassons pleinement une autre de nos qualités humaines : la créativité.
Par Guillaume Delroeux
Guillaume est président et leader de pratiques en expérience client chez Promethee consultants et aide les organisations ayant des centres de relations clients à tirer le meilleur parti de leurs technologies pour maximiser leur impact et créer des expériences client légendaires.
Références:
- Lettre ouverte signée par 330 711 personnes en date du 23 septembre 2023
- Peut-être qu’un jour les robots maîtriseront ces compétences, mais pour le moment, elles nous distinguent encore nettement.
- Voir l’ouvrage de Yves St-Arnaud « L’interaction professionnelle ».
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